Avant que le premier oiseau s’éveille

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Quel bonheur que des artistes puissent dire aujourd’hui de toute leur voix qu’ils réussissent à dialoguer par delà le barrière de la langue et sans contrainte. Le recueil Avant que le premier oiseau s’éveille, dernier ouvrage de poésie d’Alicja Pochylczuk, dans une version bilingue, polonais et français, avec des gravures de l’artiste belge Dacos, constitue un exemple de correspondance et de communication réussies entre deux types d’activité artistique – l’art du mot et l’inscription subjective de la réalité sur une gravure. Un fait culturel essentiel supplémentaire: le rapprochement des créateurs, des cultures, mais encore une rupture du schéma “type” du livre de poésie. Chacun d’eux, elle, lui, existe dans cette oeuvre et participe à part égale au dialogue qui se développe dans l’espace du livre, des significations et des symboles. Elle: Cracovienne, poète, auteur de plusieurs recueils. Elle est une personne sensible à l’écriture claire et précise de l’expérience lyrique. Elle décrit son monde et le nôtre, la joie, l’espoir et la tristesse en des mots retenus. Elle décline dans des poèmes intimes le destin de l’homme, sa destination et ses luttes contre la matière invisible du temps. Lui: graveur belge extraordinairement actif et créatif. Il travaille dans de nombreux pays au plus près de nombreuses cultures et prend part à diverses entreprises artistiques interdisciplinaires. Ses gravures expriment dans ce recueil, dans le même sens que les poèmes, un intérêt pour l’homme, la nature, les symboles du “passage”, une fascination pour le corps humain et l’animalité de l’homme, une réflexion sur le caractère éphémère de la durée singulière, en un mot la vie elle-même dans son polymorphisme stupéfiant. Les gravures n’illustrent pas les poèmes, de même que les poèmes n’illustrent pas les gravures, mais les unes et les autres existent sur le principe d’un partenariat, pour perdurer côte à côte et se compléter au sein d’une réelle passion de créer.